Introduction
Dans les articles précédents, nous avons montré que (1) le smartphone est un outil efficace et pertinent dans la lutte contre la distraction au volant car il permet de mesurer les déverrouillages et les appels passés au volant ; (2) les données de conduite récoltées par notre solution permettent aux assureurs de dresser le profil de distraction individualisé de leurs clients et de personnaliser les messages de prévention.
La troisième et dernière partie de notre baromètre met en évidence une mécanique de gamification sur laquelle les assureurs s’appuient pour inciter leurs clients à ne plus utiliser leur téléphone au volant. Dans un premier temps, nous analyserons l’efficacité d’un challenge de conduite sur la distraction des conducteurs qui y participent. Dans un second temps, nous évaluerons l'efficacité d’une succession de trois challenges sur la distraction des conducteurs participants.
Pourquoi introduire des éléments de gamification ?De nombreuses études (ici et là par exemple) ont démontré les bénéfices et l’efficacité de l’introduction de mécaniques ludiques dans des environnements variés. De plus, plusieurs études spécifiquement dédiées à l’impact de la gamification sur l’amélioration de la sécurité routière ont démontré son efficacité (ici et là). |
Quels sont les résultats observés pour un challenge ?
Pour mesurer l’impact d’un challenge sur le comportement d’un groupe de conducteurs, nous examinons les résultats d’un challenge organisé pendant quatre semaines par un assureur utilisant la télématique smartphone de DriveQuant.
La population concernée se compose de 20 000 conducteurs de tous âges et diversement expérimentés. Sur l’ensemble des conducteurs qui utilisent l’application DriveQuant, 25% ont participé au challenge pour tenter de remporter des cadeaux sous forme de bons d’achat.
BON À SAVOIRLe challenge est ouvert à tous les clients assurés. L’inscription et le téléchargement de l’application se font sur la base du volontariat suite à l’envoi d’un email. |
Les résultats du challenge présentés ci-dessous sont mesurés sur trois périodes distinctes :
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Avant le challenge (le mois précédant le challenge) pour mesurer le comportement naturel du conducteur.
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Pendant le challenge (le mois du challenge) pour vérifier son influence sur le comportement.
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Après le challenge (le mois suivant la fin du challenge) pour évaluer la persistance du changement de comportement.
Evolution du comportement des participants
En comparant le taux de trajets avec appels pour l’ensemble des participants, on note une baisse de deux points avant et pendant le challenge puisque le taux passe d’environ 7% à 5%. On constate une légère hausse après le challenge avec un taux de trajets avec appels qui se stabilise autour de 6%. Pour l’ensemble des participants, le challenge a donc eu pour effet de réduire de 1 point leurs trajets avec appels.
En examinant uniquement l’évolution du comportement des conducteurs en progrès, on constate que l’impact du challenge est plus important. Les trajets avec appels pour ces conducteurs ont été réduits environ de moitié avant et après le challenge, passant de 11% à environ 6% (-5 points).
La progression est certes moins prononcée mais pas moins impactante chez les participants qui téléphonent le plus fréquemment puisque leur proportion de trajets avec appels, qui dépassait 14% avant le challenge, atteint difficilement 10% un mois après la fin du challenge, soit une baisse d’environ 4 points.
Ces résultats montrent qu’un challenge engendre un changement de comportement immédiat chez les conducteurs participants puisqu’ils téléphonent moins pendant le challenge. Ainsi, un geste inhabituellement anodin et acceptable devient un véritable enjeu pour les conducteurs qui tentent et réussissent à minimiser l’utilisation du téléphone. Le conducteur relie donc un comportement vertueux à une récompense et à la gratification de voir son classement évoluer.
Si le challenge a pour effet de modifier le comportement du conducteur pendant le challenge, on constate également que ce changement de comportement perdure plus d’un mois après le challenge. Certes, les trajets avec appels remontent d’un point pour l’ensemble des participants un mois après la fin du challenge. Cependant, on constate aussi que la population la plus distraite affiche un taux de trajets avec appels après le challenge nettement inférieur à ce qu’il était auparavant (-4 points). Cela signifie que la population composée des conducteurs les plus distraits, et donc les plus à risque des participants, téléphone moins et est donc moins susceptible de faire l’objet ou de provoquer un sinistre. Les challenges de conduite se révèlent donc être un outil efficace pour réduire la fréquence des appels téléphoniques dans l’immédiat et à court-terme.
RAPPELCes résultats sont observés dans le cadre d’un programme de prévention basé sur le volontariat. Il faut donc tenir compte de la sélection positive des participants. L’impact d’un challenge se révèlera supérieur chez une population plus à risque. |
Evolution des évènements de distraction
Maintenant que nous avons constaté les effets positifs d’un challenge sur les appels au volant, regardons en détails l’évolution des autres indicateurs de distraction. Nous ciblons spécifiquement l’évolution des indicateurs de la population des participants en progrès afin d’identifier les indicateurs avec la marge de progression la plus importante.
Le nombre d’appels interdits pour 1 000 km enregistre la baisse la plus conséquente puisqu’il diminue de plus de moitié (-10 points) avant et pendant le challenge. Cela montre que s’ils sont motivés, il n’est pas impensable pour les participants de réduire drastiquement leur nombre d’appels au volant, même si le nombre d’appels interdits remonte un peu après le challenge (-7 points).
Le nombre de déverrouillages pour 100 km est divisé par deux pendant le challenge par rapport au niveau observé pendant la période qui le précède. On passe donc d’un déverrouillage tous les 10 km avant le challenge à un déverrouillage tous les 20 km pendant le challenge, soit une distance sans aucune utilisation du téléphone doublée.
Le dernier indicateur, à savoir les déverrouillages pour 10 trajets, diminue également puisqu’il passe de 12 avant le challenge à 8 pendant le challenge, pour se stabiliser à moins de 10 dans la période qui suit la fin du challenge. On passe donc de plus d’un appel pour 10 trajets avant le challenge à moins d’un appel pour 10 trajets après le challenge.
Au regard de l’analyse de ces quatre indicateurs, on constate que le nombre d’appels interdits pour 1 000 km présente la plus forte variation. Les conducteurs téléphonent deux fois moins souvent en conduisant pendant le challenge. Il apparaît également que l’effort consenti pendant le challenge perdure dans la période qui suit le challenge. Les participants prennent donc conscience que ces appels ne sont pas indispensables, génèrent de la distraction au volant et qu’il faut donc les éviter.
Couplé au fait que l’absence totale d’usage du téléphone pour 100 km augmente d’un point après le challenge, on en conclut que les challenges aident bien les conducteurs à rester focalisés sur la route plus longtemps.
Comparaison entre les participants et les non-participants
Pour compléter notre analyse, il est éclairant de comparer les performances de la population composée des participants avec celles d’un échantillon de conducteurs qui utilisent l’application mobile mais qui ne participent pas au challenge.
Les conducteurs qui ne participent pas au challenge sont beaucoup plus distraits que les participants. Cela s'observe aussi bien sur les appels téléphoniques que sur le nombre d'occurrences de déverrouillages. Pour la population de conducteurs non-participants, on constate :
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5 déverrouillages en plus pour 100 km,
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6 déverrouillages en plus pour 10 trajets,
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5 appels interdits en plus pour 1000 km.
Ces résultats confirment qu’un challenge de conduite à un impact mesurable sur le comportement du conducteur. Cela indique également qu’il est nécessaire d’engager une réflexion sur les actions de prévention à mener pour les conducteurs à risque qui ne sont pas réceptifs aux challenges ou ne souhaitent pas y participer.
L’analyse des résultats ci-dessus offre une mesure de l’efficacité réelle d’un challenge dans la lutte contre la distraction au volant. Les principaux enseignements sont : (1) les effets positifs immédiats du challenge dès son lancement chez tous les conducteurs et (2) une réduction importante de la distraction dans les semaines qui suivent le challenge chez les conducteurs les plus à risque avant le début du challenge. On relève également une prise de conscience sur la distraction provoquée par les appels interdits puisque leur proportion diminue de moitié pendant le challenge et reste beaucoup plus faible même après le challenge.
Quels sont les résultats observés chez les conducteurs qui participent à plusieurs challenges ?
Pour entretenir les bénéfices d’un challenge de conduite sur le comportement du conducteur, il est recommandé d’organiser périodiquement des challenges. Dans cette seconde partie, nous mesurons le comportement des conducteurs sur une période de douze mois jalonnée par trois challenges de distraction.
Les résultats des conducteurs ayant participé à trois challenges de distraction dans l’année
Les trois challenges que nous examinons ont été organisés au cours des mois de février, juillet et décembre. Sur l’ensemble des 5 000 participants au challenge de février, 5% ont participé aux deux challenges suivants, soit 250 personnes. Ce sont les performances de ces conducteurs que nous analysons.
Il ressort de la lecture du graphique ci-dessous que les performances des conducteurs pendant les challenges sont en constante amélioration. On passe de 4,4% de trajets avec appels pour le premier challenge, à 3,6% pour le deuxième, pour terminer à 3,4% pour le troisième challenge. Cela signifie que les conducteurs qui participent à plusieurs challenges réussissent à améliorer leur performance d’un challenge à l’autre, et à réduire encore plus leur nombre de trajets avec appels. La mécanique du challenge se révèle donc toujours efficace même après trois challenges et la motivation des conducteurs à améliorer leur performance est intacte.
Il est également intéressant de constater que le nombre de trajets avec appels entre la fin du premier challenge et avant le début du deuxième challenge a diminué, passant de 5,2 à 4,4. C’est exactement le même pourcentage que la performance des conducteurs pendant le premier challenge.
Il est vrai que cette constatation ne se vérifie pas entre le deuxième et le troisième challenge puisqu’on passe de 4,2 après le deuxième challenge à 5,2 avant le troisième challenge, soit +1 point. Cependant, on note que 5,2% correspond à la performance des conducteurs après le premier challenge. Cela signifie que la performance des conducteurs à la suite du premier challenge constitue le nouveau seuil de trajets avec appels pour l’année à venir. La prise de conscience constatée dans la première partie de notre analyse se confirme donc bien.
Mais ce n’est pas tout. En comparant le pourcentage de trajets avec appels après les trois challenges, il ressort que cet indicateur est en baisse constante :
- -1 point entre la fin du premier challenge et celle du deuxième challenge (5,2 à 4,2)
- - 0,3 points entre la fin du deuxième challenge et celle du troisième (4,2 à 3,9)
Concrètement, les données montrent que le pourcentage de trajets avec appels a baissé de plus d’un point (-1,3) sur l’année grâce aux challenges. Au-delà de l'efficacité immédiate et à court terme d’un challenge pour réduire la distraction (voir la première partie de notre étude), il ressort ici qu’organiser des challenges à intervalles réguliers, soit trois fois par an, engendre une réduction de la distraction au volant à moyen (4 mois) et long terme (1 an).
Conclusion générale de notre baromètre de la distraction
Nous avons illustré dans cet article les résultats obtenus en termes d’amélioration du comportement des conducteurs grâce à l’usage de la technologie de DriveQuant dans le contexte d’un programme de prévention connectée, ainsi que la richesse et la qualité des données collectées.
Avec notre baromètre de la distraction en poche, les assureurs possèdent :
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Une mesure objective de l’efficacité de chacune de leurs actions de prévention, par exemple celle d’un challenge qui génère une réduction instantanée de tous les indicateurs de distraction (pourcentage d’appels par trajet, de déverrouillages aux 100 km, de déverrouillages pour 10 trajets, d’appels interdits aux 1 000 km),
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Une mesure objective de l’efficacité d’un programme de prévention sur toute sa durée, par exemple une série de trois challenges qui montre l’impact à moyen et long terme sur la distraction des participants,
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Des données objectives qui prouvent qu’introduire et déployer à grande échelle des mécaniques de gamification engendrent des changements positifs et une conduite plus sûre. Les assureurs peuvent donc reprendre ces mécaniques afin de sensibiliser leurs assurés à d’autres enjeux comme l’écoconduite.
Enfin, les assureurs possèdent surtout un aperçu de l'efficacité de la télématique smartphone de DriveQuant. En s’appuyant sur elle, les assureurs se donnent les moyens de définir le profil de distraction individualisé de leurs assurés. En fonction des profils établis, les assureurs peuvent lancer des programmes de prévention sur-mesure pour réduire le risque routier de leur portefeuille d’assurés, puis les faire basculer sur une formule d’assurance au comportement pour les fidéliser.
La technologie de télématique smartphone de DriveQuant est universelle et accessible à tous les assurés. Il leur suffit simplement de télécharger une application mobile. Avec une approche ludique et pédagogique, elle améliore le comportement des conducteurs. Ne ratez pas l’occasion d’offrir à vos clients des services à forte valeur ajoutée comme les challenges, l’écoconduite ou encore la détection d’accident et de baisser le risque routier !