Introduction
Selon l’étude State Of Mobile 2022, les Français passent en moyenne 3h30 par jour à consulter leur téléphone portable. C’est 1 heure de plus qu’en 2019 alors même que les autorités et les universitaires ne cessent d’alerter sur les dangers liés à un usage intensif des téléphones portables :
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syndrome FOMO (FEAR Of Missing Out ou la peur de rater quelque chose),
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anxiété,
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difficulté à trouver le sommeil et à dormir paisiblement,
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difficulté à maintenir son attention focalisée sur une tâche unique en raison du flot incessant de notifications.
Dans ce contexte d’omniprésence du téléphone portable, il est peu surprenant de constater que 8 Français sur 10 révèlent être des automobilistes distraits.
Pourtant formellement interdit par la Sécurité Routière en raison des risques inhérents pour les autres usagers de la route (cyclistes et piétons) et des comportements à risque induits par un déficit d'attention (dépassement de la vitesse autorisée, hausse du temps de réaction, freinages tardifs ou intempestifs, risque plus élevé de commettre d'autres infractions au Code de la Route) l’usage du téléphone au volant ne cesse de gagner du terrain d’une année sur l’autre.
Téléphoner au volant est une infraction qui coûte cher! Rappelons qu’en France les sanctions sont lourdes. Ainsi, un conducteur surpris en train de manipuler son téléphone dans sa voiture doit s’acquitter d’une amende forfaitaire de 135 euros et perd trois points sur son permis de conduire. Si l’utilisation du téléphone se cumule à une autre infraction comme griller un feu rouge, l’automobiliste encourt alors la rétention immédiate de son permis de conduire et une suspension administrative de permis pour une durée de six mois. |
Les usages du téléphone en voiture varient entre : les appels au volant (52%), la navigation GPS via des applications mobiles dédiées (45%) ou la consultation ou rédaction de SMS (34%).
Ces enquêtes auprès des automobilistes sont très utiles pour quantifier une partie phénomène de distraction. Cependant, elles amènent à se poser d’autres questions dont les réponses peuvent difficilement être obtenues via ces canaux traditionnels. Quel est le moment de la journée où l’usage du téléphone au volant est le plus intensif ? Dans quel contexte routier les automobilistes sont-ils les plus distraits ?
Grâce à notre technologie de télématique smartphone, il est possible d’apporter des éléments de réponse à ces questions afin de mieux définir le comportement de conduite des automobilistes distraits.
L’étude ci-dessous est basée sur des données d’assurés ayant souscrit à des offres d’assurance automobile connectée. Ces données ont été collectées par notre solution pendant une période de 6 mois:
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Les deux groupes se composent de 4 000 conducteurs chacun :
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Le groupe A est composé de jeunes conducteurs ;
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Le groupe B comprend une population plus homogène en termes de répartition d'âge.
Quelle est la plage horaire pendant laquelle les automobilistes passent le plus d’appels ?
Comment détectons-nous les horaires les plus propices à la distraction ? Notre technologie de télématique smartphone permet d’obtenir la chronologie précise des moments les plus favorables à l’utilisation du téléphone au volant. Nous affichons sur une carte de chaleur les intensités d’appels dans un référentiel à deux dimensions : le jour de la semaine et l’heure de la journée. |
Les couleurs foncées des cartes de chaleur suivantes correspondent aux périodes où la densité d'appels téléphoniques est la plus importante.
Heat Map d’intensité des appels Groupe A
Heat Map d’intensité des appels Groupe B
Les cartes ne révèlent pas de différence fondamentale entre les deux groupes. On constate que les appels sont plus nombreux les jours de la semaine par rapport au week-end.
La plage horaire où l'intensité est maximale, qui correspond donc au pic d’utilisation du téléphone, se situe entre la fin de l’après-midi et le début de soirée, soit entre 16h et 20h. Enfin, les journées du jeudi et du vendredi concentrent le plus d’appels téléphoniques sur ces plages horaires.
Dans quel contexte routier les automobilistes sont-ils les plus distraits ?
Comment détectons-nous les horaires les plus propices à la distraction ? Notre technologie de télématique smartphone permet d’obtenir la chronologie précise des moments les plus favorables à l’utilisation du téléphone au volant. Nous affichons sur une carte de chaleur les intensités d’appels dans un référentiel à deux dimensions : le jour de la semaine et l’heure de la journée. |
Les graphiques ci-dessous représentent les répartitions de la durée de conduite par contexte routier des conducteurs des groupes A et B.
Pourcentages de répartition des contextes routiers par durée de conduite
Pour comparer les deux groupes, les évènements de distraction par rapport à la durée de conduite dans chaque contexte routier ont été normalisés. Ainsi, il est possible de comparer les deux groupes en termes de fréquence de déverrouillages et d’appels par contexte routier malgré une répartition des contextes différente.
Fréquence de déverrouillages par contexte routier
Fréquence des appels par contexte routier
Les graphiques indiquent que l’utilisation du téléphone au volant est plus fréquente dans les zones urbaines et à des vitesses inférieures à 30 km/h. Bien que les conducteurs des groupes A et B passent environ 50% de leur temps de trajet dans des zones extra-urbaines ou sur autoroutes, l’utilisation du téléphone dans ces contextes est marginale.
En revanche, en zone urbaine et à plus basse vitesse, on constate un relâchement de la prudence car la perception du danger est probablement moindre. Cette impression est très relative car si le contexte urbain minimise les dommages potentiels pour le conducteur et son véhicule, il est particulièrement dangereux pour les autres usagers de la route (piétons, vélo, deux roues motorisés). D’ailleurs, ⅓ de la mortalité routière survient en agglomération et 74% des accidents mortels ont lieu lors des trajets quotidiens ou de courte durée.
Enfin, 30% des évènements de distraction du groupe A et 20% des évènements de distraction du groupe B surviennent lors des arrêts véhicule (stops, feux tricolores) ou dans les bouchons. Pourtant, la loi est formelle : il est interdit de manipuler son téléphone portable même à l’arrêt car cela engendre un déficit d’attention.
Conclusion
Notre étude apporte des éléments complémentaires pour mieux comprendre le phénomène de distraction au volant et les circonstances dans lesquelles un conducteur est amené à se saisir de son téléphone pendant qu'il conduit :
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La plage horaire 16h-20h concentre le plus d’appels,
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Un pic de distraction est constaté le jeudi et le vendredi sur cette même plage horaire,
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Les automobilistes sont les plus distraits en ville sous 30 km/h.
Les assureurs qui déploient un programme de télématique smartphone se donnent les moyens de mesurer avec exactitude le profil de distraction de leurs assurés et les circonstances dans lesquelles leurs clients sont susceptibles de devenir des automobilistes distraits et donc d'augmenter leur risque d'accident. Avec ces informations, les assureurs peuvent lancer des programmes de prévention routière et des messages ciblés à leurs clients afin de les alerter au moment opportun sur les dangers de la distraction au volant.
Cet article est une adaptation de notre livre blanc consacré à la lutte contre la distraction au volant. Téléchargez notre livre blanc pour :
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