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Existe-t-il une relation entre un comportement de conduite brusque et la distraction au volant ?

17/04/2023 • Valentin Juillard

Introduction

La solution de télématique smartphone développée par DriveQuant évalue deux composantes du comportement du conducteur qui influent sur le risque d’accident : (1) l'agressivité qui se définit par des accélérations et des freinages trop forts et (2) la distraction qui se traduit par l’utilisation du téléphone au volant. 

Score de sécurité

Le score de sécurité est révélateur d’un style de conduite agressif ou dangereux. Il dépend de la fréquence des accélérations brusques et des freinages forts. Plus le conducteur adopte un style de conduite trop dynamique, plus son score de sécurité diminue. 

L’échelle ci-dessous détermine le niveau de conduite d’un conducteur en fonction de son score de sécurité :

SAFETY SCORE

 

Score de distraction

Le score de distraction matérialise l'inattention causée par l’utilisation du téléphone au volant. Plus l’automobiliste consulte son téléphone (pour lire des messages ou pour passer/répondre à un appel), plus son score diminue. 

L’échelle ci-dessous détermine le niveau d’attention d’un conducteur en fonction de son score de distraction :

Distraction SCORE_1

Pour savoir s’il existe une relation entre l’agressivité et la distraction, nous analysons les données de conduite de trois groupes composés de plusieurs milliers de conducteurs chacun. 

Ces groupes ne sont pas tous sensibilisés au risque routier :

  • Le groupe A est constitué de conducteurs ayant été sensibilisés par leur assureur à la sécurité et à la distraction au volant dans le cadre de programmes de prévention prenant la forme de challenges de conduite. La législation locale en matière de distraction est restrictive et fermement appliquée. 

  • Le groupe B est constitué de conducteurs qui ont fait l’objet d’un travail de prévention sur la distraction uniquement. La législation locale en matière de distraction est restrictive et fermement appliquée. 

  • Le groupe C est constitué de conducteurs qui n’ont pas encore fait l’objet de campagnes de prévention. De plus, la législation locale est moins stricte que pour les deux autres groupes. 

Pour garantir la représentativité des résultats d’analyse, chaque groupe comprend des conducteurs pour lesquels un minimum de 100 trajets ont été analysés.

Les figures ci-dessous présentent le score de distraction en fonction du score de sécurité. Chaque point représente un sous-ensemble de conducteurs avec un score moyen identique. Le rayon du point matérialise le nombre de conducteurs dans chaque sous-ensemble.

GROUPE A

FIG A

La figure ci-dessus indique que les très bons conducteurs, qui possèdent un score de sécurité supérieur à 9,5, ont un score de distraction supérieur à 8,5. Cela correspond à un déverrouillage tous les 75 km.

A l’opposé, les conducteurs les plus faibles, qui affichent un score de sécurité inférieur à 7,5, ont pour la plupart un score de distraction également inférieur à 7,5 ou à 7. Cela indique qu’ils déverrouillent leur téléphone tous les 30 km, soit deux fois plus que les très bons conducteurs du groupe.

Avec un coefficient de Pearson égal à 0,9, la figure révèle une corrélation quasiment linéaire entre le score de distraction et le score de sécurité pour ce groupe d’automobilistes. 

Cette relation signifie que les conducteurs les plus prudents sur la route font aussi bien attention à leurs accélérations et à leurs freinages qu’à leur usage du téléphone. A l'inverse, les conducteurs les moins prudents cumulent les deux facteurs de risque : ils ont une conduite trop dynamique et ils utilisent régulièrement leur téléphone au volant.

Retrouve-t-on une tendance similaire chez les conducteurs des deux autres groupes ?

Pour savoir s’il est possible de généraliser la conclusion ci-dessus, on affiche dans le même référentiel les données des trois groupes de conducteurs.

FIG B

Cette figure montre que la corrélation entre le score de sécurité et le score de distraction existe également pour les les conducteurs des groupes B et C. Cependant, on constate que le niveau moyen de distraction est plus important chez les conducteurs appartenant aux groupes B et C, et ceci même chez les très bons conducteurs.

Ainsi, les très bons conducteurs du groupe B déverrouillent leur téléphone tous les 50 km et ceux du groupe C le déverrouillent tous les 30 km. Cela correspond à une fréquence de manipulation deux fois supérieure à celle des meilleurs conducteurs du groupe A.

On constate également que le niveau de distraction chez le reste des conducteurs des groupes B et C est homogène, ce qui les distingue une nouvelle fois de leurs homologues du groupe A. Tous les conducteurs des groupes B et C possédant un score de sécurité compris entre 6 et 9, c’est à dire des conducteurs considérés comme mauvais, faible ou moyen en sécurité, affichent un score de distraction proche de 7,5 (groupe B) ou proche de 5,5 (groupe C). Un score de distraction inférieur à 7 indique qu’un appel au volant d’une vingtaine de secondes a été émis ou reçu. Il ressort donc que la très grande majorité des conducteurs du groupe C téléphonent en conduisant, même ceux dont la conduite est la plus apaisée (ie. avec un un score de sécurité supérieur à 9). 

 

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Conclusion

Bien que les deux phénomènes ne soient pas liés, il existe une corrélation claire entre le score de sécurité et le score de distraction : les conducteurs les moins agressifs sont globalement moins distraits.  

On constate que les niveaux de distraction sont très différents chez les trois groupes. Ces écarts coïncident avec le niveau de sensibilisation au risque routier des groupes de conducteurs par des campagnes de prévention menées par les assureurs.. 

Ainsi, les conducteurs du groupe A qui ont été sensibilisés par leur assureur à la sécurité et à la distraction affichent de meilleurs scores sur les deux indicateurs. C’est aussi chez les conducteurs de ce groupe que la corrélation entre les deux scores est la plus nette. L’organisation de challenges de conduite focalisés alternativement sur le thème de la sécurité et sur le thème de la distraction a donc un impact important sur le comportement au volant des automobilistes.

L’influence des challenges sur le comportement se vérifie également chez les conducteurs du groupe B. Sensibilisés uniquement à la distraction au volant, ils affichent un niveau de distraction proche de celui des conducteurs du groupe A et bien supérieur au niveau de distraction des automobilistes du groupe C qui n’ont pas été sensibilisés au risque d'une conduite agressive ou à l’utilisation du téléphone au volant. 

Les assureurs ont donc un vrai rôle à jouer dans l’amélioration du comportement de conduite de leurs assurés puisque les clients qui ont fait l’objet de programmes de prévention conduisent mieux tout en étant moins distraits. Les assureurs ont donc tout intérêt à déployer des challenges pour sensibiliser les conducteurs sur des comportements spécifiques et en mesurer les résultats directs et induits. 

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