Introduction
Suite à nos travaux qui ont mis en évidence une corrélation entre le score de sécurité et le score de distraction, nous poursuivons notre analyse des relations entre les différentes facettes du comportement conducteur. Dans cette étude, nous nous intéressons à la relation entre un comportement de conduite prudent et la pratique de l’écoconduite.
Score de sécurité
Le score de sécurité indique si le conducteur est prudent ou s’il a un style de conduite trop dynamique. Il est calculé en fonction de la fréquence des accélérations brusques et des freinages forts. Plus le conducteur adopte un style de conduite souple et fluide, plus son score de sécurité est élevé.
L’échelle ci-dessous détermine le niveau de conduite d’un conducteur en fonction de son score de sécurité :
Score d’écoconduite
Le score d’écoconduite mesure l'efficacité de conduite en termes de consommation énergétique du véhicule. Il augmente si le conducteur applique les principes d’écoconduite : une accélération franche pour atteindre rapidement la vitesse de croisière, une allure régulière et anticipation pour minimiser les freinages inutiles qui gaspillent l'énergie cinétique emmagasinée.
L’échelle ci-dessous détermine le niveau d’optimisation énergétique atteint par un conducteur en fonction de son score d’écoconduite :
Pour déterminer s’il existe une relation entre un comportement de conduite prudent et la pratique de l’écoconduite, nous analysons les données de conduite de trois groupes composés de plusieurs milliers de conducteurs chacun.
Pour garantir la représentativité des résultats d’analyse, chaque groupe comprend des conducteurs pour lesquels un minimum de 100 trajets ont été analysés.
Compte-tenu de l’importance du contexte routier dans la pratique de l’écoconduite, les données sont séparées en 3 catégories qu’on analyse indépendamment pour :
- les environnements urbains,
- les conditions de type extra-urbain,
- et les voies rapides
Les figures ci-dessous présentent le score d’écoconduite en fonction du score de sécurité. Chaque point correspond à un sous-ensemble de conducteurs avec un score moyen identique. Le rayon du point matérialise le nombre de conducteurs dans chaque sous-ensemble.
En milieu urbain
En contexte urbain, la corrélation entre le score de sécurité et score d’écoconduite est faible avec un coefficient de Pearson de 0,31. Cette valeur indique que les excellents conducteurs avec une note de sécurité supérieure à 9,5 sont aussi ceux qui écoconduisent le mieux puisqu’ils obtiennent une note d’écoconduite supérieure à 7,5.
La conduite en milieu urbain ne facilite pas la mise en pratique de l’écoconduite : arrêts multiples, ralentissements répétés ou encore difficulté à maintenir une vitesse constante même à basse vitesse. C’est pourquoi, la majorité des conducteurs ont un score d’écoconduite compris entre 7,3 et 7,4, ce qui est un score “moyen” selon notre échelle de niveau présentée en introduction.
Cela signifie-t-il que la marge de manœuvre pour écoconduire en milieu urbain est inexistante ? Le fait que certains conducteurs affichent de meilleures performances indique malgré tout qu’il est possible de faire mieux, de passer d’un score jugé “moyen” à un score considéré comme “bon”. Il n’y a pas de petites économies en termes d’émissions polluantes, chaque gramme de CO2 économisé compte.
En milieu extra-urbain
Il existe une corrélation quasi linéaire entre score de sécurité et score d’écoconduite en milieu extra-urbain avec un coefficient de Pearson de 0,81.
Ceci indique que pratiquer l’éco-conduite est bénéfique pour la sécurité routière. L’inverse est également vrai : conduire de manière prudente favorise la pratique de l’écoconduite. Ainsi, tous les conducteurs qui obtiennent un score de sécurité supérieur à 8.5, possèdent un score d’écoconduite supérieur à 7.8, qui les situent au niveau “bon”.
En comparaison avec un environnement urbain, les résultats montrent que conduire en milieu extra urbain est plus favorable à la pratique de l’écoconduite. C’est pourquoi on observe des niveaux plus élevés pour ce score.
Sur voies rapides
La corrélation entre score de sécurité et score d’écoconduite sur voies rapides est encore plus importante qu’en milieu extra-urbain puisque le coefficient de Pearson est proche de 0.9.
Ce résultat n’est pas surprenant étant donné que les voies rapides constituent le milieu le plus favorable à la pratique de l’écoconduite et à l’adoption d’un comportement de conduite prudent :
- Le maintien d’une allure régulière est plus simple,
- Les freinages et accélérations brusques sont moins fréquents si le conducteur fait preuve d’anticipation.
La majorité des conducteurs sur voies rapides affichent donc un score d’écoconduite qui les classe au niveau “bon” ou “très bon” et ils sont également prudents.
Conclusion
L’analyse des relations entre les scores d’écoconduite et de sécurité pour les trois contextes routiers montre un lien entre l’adoption d’un comportement de conduite prudent et la pratique de l’écoconduite. En effet, les conducteurs les moins à risque (avec un score de sécurité élevé) sont aussi ceux qui adoptent une conduite plus responsable (avec un score d’écoconduite élevé).
La corrélation change en fonction du contexte routier. Elle est nettement plus forte dans des environnements où le conducteur rencontre le moins de contraintes : en zone extra-urbaine ou sur des voies rapides. En milieu urbain, la corrélation est faible car il est plus difficile d’augmenter le score d’écoconduite que le score de sécurité.
Au-delà des bénéfices que nous présentons dans notre livre blanc dédié aux opportunités liées à l’écoconduite, les assureurs ont donc tout intérêt à favoriser le développement de l’écoconduite auprès de leurs clients car les conducteurs qui écoconduisent le mieux possèdent également un profil moins à risque que les autres conducteurs. C’est un moyen de faire converger deux enjeux clés pour les assureurs : la prévention routière et la réduction de l'empreinte environnementale de leurs assurés.
